Depuis quelques temps, j’apprends à piloter un avion afin de passer mon permis privé…
Pourquoi cette drôle d’idée ?
J’ai grandi dans des avions. Mon père est ce qu’on appelle “un français expatrié”. Petite, j’ai eu la chance d’être contaminée par le goût de l’aventure et du voyage.
Alors que beaucoup sont stressés par les secousses d’un avion, elles m’apaisent.
Mon grand frère est un véritable fan d’aviation. Plus jeune, il passait ses nuits entières sur « Fligth simulator » et était à deux doigts de devenir pilote de chasse.
Et j’ai aussi vaguement fréquenté un pilote.
Lorsque j’ai cherché une activité pour me forcer à sortir de chez moi, l’aviation est venue naturellement à moi.
J’habite à dix minutes d’un aérodrome et l’activité était assez compliquée pour me forcer à lâcher mon travail.
Voyez-vous, je suis un bourreau de travail. J’aime travailler. J’adore ça. Je ne l’écris pas en m’en vantant. J’aime profondément ça.
Ce n’est pas un discours très à la mode…
D’ailleurs, ça a souvent été un véritable problème avec mes partenaires amoureux.
Soit on travaillait à deux et on devenait inséparables, soit mon activité nous séparait. Abandonner mon activité, c’est comme laisser une partie de moi. Cela me fait grandir, évoluer et me pousse à la créativité.
Donc, lorsque j’ai choisi l’aviation comme loisir, je savais que ça allait me forcer à couper avec mon travail. Je suis entrée dans un monde très spécifique et technique. Cela me met face à moi-même également. Je retrouve la petite fille timide qui n’ose pas s’imposer face à son instructeur et parfois peureuse face aux éléments de la nature.
Il faut savoir que mes activités sont spéciales : voile, plongée et maintenant aviation.
Je n’aime pas les sports extrêmes. Je suis peureuse de nature mais, grâce à eux, j’apprends à contrôler mon espace, à me sécuriser, à fusionner avec les éléments, à me responsabiliser et à affronter mes peurs.
Je n’aime pas l’idée d’être bloquée… alors je m’efforce de constamment traverser mes peurs.
La dernière fois, mon instructeur m’a demandé de lâcher le manche en plein vol. J’étais tétanisée et je n’ai pas pu le faire. Il était impossible pour moi de lâcher le manche.
Il a dû le reprendre pour que je finisse par lâcher. Il l’a ensuite lâché.
L’avion a continué sa trajectoire sans aucune secousse. J’ai été étonné par la douceur du moment.
Après je me suis demandé : “Qu’est-ce qui se passerait si je lâchais le manche dans ma vie ?”
Je me suis souvenue des mauvais choix que j’avais fait dans ma vie par manque de confiance et à cause de mauvaises influences extérieures. J’ai “gâché” quatre ans de ma vie, perdue entre luxure, orgueil et non-sens. Je ne veux plus de ça.
Grâce à cette expérience, j’ai compris que c’était le contrôle préalable qui menait au véritable lâcher prise. En effet, nous sommes en sécurité dans un avion parce que nous en avons fait le tour auparavant.
Nous avons pris le temps de créer un cadre de sécurité.
Nous devons faire cela également dans la vie quotidienne. Ce cadre permet de s’ouvrir, d’aimer véritablement et de profiter de l’instant présent.
Alors, je m’efforce de donner une direction à ma vie entière afin de lâcher prise le plus souvent possible. Depuis ce jour, je crois sincèrement que le lâcher prise et le contrôle, sont deux faces de la même pièce ; en accepter un, c’est accepter l’autre et inversement.