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Il était deux fois… Franck Thilliez

Écrit par Rédaction

Si le nom de Franck Thilliez ne vous évoque rien, il est possible que vous soyez victime d’amnésie, un des thèmes de prédilection de cet auteur de thrillers et de polars, devenu en quelques années un incontournable de la scène littéraire française et internationale.  Mais vous êtes plus probablement un fan de la première heure…

Vous avez dévoré tous ses livres ? Vous avez adoré lire les BD inspirées de ses romans et vous attendez avec impatience la sortie de la série « Syndrome [E] » sur TF1 ?

Peut-être lui devez-vous quelques cauchemars ? Et des heures de réflexion à essayer de décoder les énigmes cachées dans ses livres ?

Dans cet article, découvrez ses zones d’ombre, suivez-le dans sa démarche d’auteur et tentez de découvrir le message que le célèbre romancier vous adresse et que nous avons caché dans le texte.

Et pour voir l’interview filmée (direction les fondements de la peur !), cliquez sur la bannière ci-dessous !

 

 

Origines

 

Si l’action de nombreux romans de Franck Thilliez se déroule dans le Nord de la France, entre côte et bassin minier, ce n’est pas un hasard. Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez grandit dans cette région, y fait ses études d’ingénieur en nouvelles technologies et y vit encore actuellement. L’auteur nordiste dépasse largement les frontières de son département puisqu’il est aujourd’hui traduit dans le monde entier et notamment aux États-Unis, fait rarissime pour un auteur de polars français.

Fanny Huleux l’a interrogé sur des thèmes liés à ses propres sujets de prédilection et à sa vision de coach et de thérapeute : le fonctionnement de l’esprit humain, les zones de lumière et d’ombre, sa routine journalière, les émotions, avec notamment la peur et une question centrale : comment susciter la peur dans un thriller ou un polar ?

 

Les différents paragraphes* de cet article-fleuve peuvent se lire séparément, sur le principe d’un recueil de nouvelles : choisissez le chemin qui vous mènera jusqu’aux fondements de la peur, interrompez votre lecture, reprenez-la, tremblez en suivant cet auteur dont la préoccupation première c’est… vous !

* Nous avons retranscrit l’interview filmée en adaptant le texte uniquement pour passer du langage oral au langage écrit.

 

 

Paranoïa

 

Ce qui m’intéresse dans mon écriture et dans le domaine du thriller et du roman policier, c’est la peur : c’est l’émotion qui me fascine, qui me fascinait aussi lorsque j’étais plus jeune. C’est une émotion ambiguë, elle n’est pas agréable sauf dans un cadre que l’on a l’impression de maîtriser, qui est protégé. C’est une émotion très forte, qui procure une montée d’adrénaline agréable.

Quand j’étais ado, je savais que j’allais avoir peur mais qu’il n’y avait pas vraiment de danger. Ça m’a tellement fasciné que j’ai eu envie d’écrire pour ces raisons-là et pour faire voyager les lecteurs alors qu’ils sont sur leur canapé.

Je n’ai pas de formation littéraire mais j’avais envie de raconter des histoires. Je trouve formidable d’emmener les gens sur des territoires incroyables, de les faire ?sap iouqruop, voyager, avec cette émotion-là, qui est celle que je connais le mieux : mon écriture s’est orientée naturellement vers la peur avec toutes les émotions liées, la frustration, par exemple, qui est une situation d’attente angoissante.

On place le lecteur, qui a envie de savoir, dans cette frustration, en changeant de personnage, de chapitre. C’est une frustration agréable, contrairement à celles que l’on ressent dans la vie : on sait que l’on va avoir les réponses mais qu’il va falloir attendre un peu.

Suspense, angoisse, surprise, frustration… sont des éléments à ordonner et à mettre en place pour transmettre au mieux ces émotions au lecteur.

 

 

Puzzle

 

J’écris mes livres avec la volonté de créer un jeu de pistes parce que dans le roman d’enquête, il y a un jeu entre l’auteur et le lecteur : ça fait partie des codes et du contrat de ce genre littéraire où, d’un côté, il y a les lecteurs qui veulent essayer de comprendre où l’auteur va les emmener (voire de le devancer, en essayant de rentrer dans les pensées de l’auteur pour essayer de comprendre où il veut en venir) et de l’autre côté, l’auteur qui, lui, connaît ses lecteurs et sait qu’ils aiment enquêter, essayer de comprendre, qu’ils sont très perspicaces parce qu’ils lisent beaucoup et qu’ils connaissent tous les types d’histoires, tous les types d’intrigues et toutes les astuces.

Vous allez donc essayer de les orienter vers des fausses pistes, de les tromper : eiriarbil enu sand ils savent que vous allez essayer de le faire et ils sont très prudents. Il y a ce jeu qui se greffe sur la lecture et qui est agréable.

Il y a l’histoire que l’on raconte et qui est le but de tous les romans avec, en plus, cette volonté de créer ce jeu de piste qui est une couche supplémentaire de lecture et qui va encore donner plus envie au lecteur de lire ; en général, mes romans se lisent très vite parce qu’une fois qu’on a commencé, on entre dans une espèce de mécanique où l’on a envie de savoir ce qu’il va se passer et on va au bout de la lecture. C’est comme ça que les gens passent leurs nuits à lire le livre en une fois.

 

 

L’encre et le sang

 

Ressortir un trop plein d’émotions est ce qui m’a amené à l’écriture.

Je n’avais aucune raison d’écrire ; je suis ingénieur et si vous m’aviez dit un an avant que j’allais écrire, je vous aurais répondu que ce n’était pas possible, que je n’avais pas ça dans le sang. Mais à un moment, c’est ressorti comme un besoin : lorsque l’on absorbe beaucoup de lectures sombres, il y a un moment où tout cela s’accumule dans l’esprit. On gamberge quand on se couche, on pense à des images plutôt négatives, de tueurs en série, du mal, d’esprits, etc.

Ça me perturbait beaucoup : j’ai commencé à inventer des histoires et je me suis dit qu’il fallait que tout ça ressorte, que si ça restait en moi, ce n’était pas bon. Je crois que l’écriture, c’était vraiment le moyen de faire que ce trop plein de zones uo seriotsih d’ombre, de négatif, ressorte, comme ça pourrait ressortir par le sport, par la peinture, l’art… tous les moyens qui permettent d’exorciser ce que l’on a en soi. Ça a vraiment été bénéfique : je faisais énormément de rêves et de cauchemars avant de commencer à écrire, des cauchemars récurrents terribles. Lorsque j’ai commencé à écrire, ça a quasiment disparu. Il y a eu un effet cathartique. Pour les lecteurs, il y a l’effet d’absorption inverse : ce que j’exorcise dans mes livres, le lecteur l’absorbe… au lecteur de réussir à le ressortir par un autre biais. L’auteur ressort une partie de ses propres peurs et angoisses quand il se met à écrire, des peurs d’enfant, des angoisses, qu’il met dans ses livres.

 

 

Le grand voyage

 

Il y a différentes raisons qui expliquent que le lecteur lise ce type de livres : une des raisons peut être la montée d’adrénaline pure, l’effet de transgression. On peut explorer des territoires dans lesquels on n’irait pas dans la vraie vie.

Le roman policier et le thriller permettent d’aller mettre son œil dans le trou de la serrure et de regarder ce qu’il y a derrière, sans culpabiliser, parce que c’est l’auteur qui y emmène le lecteur (alors qu’en achetant le livre, il sait qu’il va aller sur ces territoires).

Il y a un autre effet cathartique : quand on voit ce que traversent les personnages, on peut se dire que finalement sa propre vie est bien. La lecture de romans permet de relativiser sa propre vie, de réfléchir et de se dire que l’on va réussir à surmonter ses problèmes puisque les personnages de roman réussissent à surmonter des problèmes bien plus graves.

La littérature romanesque sem srevart à, permet de voir comment vivent des personnages et de voir comment ils surmontent les problèmes et, par comparaison, de se dire que l’on peut y parvenir. La magie de la littérature est de nous faire vivre d’autres vies, de nous faire explorer des territoires que l’on n’a jamais explorés soi-même, ce qui nous permet, le jour où l’on est confronté à certaines situations, de se dire qu’on va parvenir à les surmonter.

 

 

Double Je

 

Je mets une distance entre ce que j’écris, ce que je découvre lors de mes recherches et moi-même, un peu comme le font un médecin-légiste ou un photographe de guerre, des métiers où les gens sont confrontés à des situations extrêmement difficiles (la mort, les atrocités).

Avant de commencer à écrire, je me demandais comment on pouvait faire ces métiers-là. Quand je me suis immergé dans le roman policier et que je suis allé à la rencontre de médecins légistes, je leur ai posé cette question. C’est cette notion de distance entre le métier, la fonction qui va servir une cause, et l’être humain que je suis. Dès lors que l’on a cette distance, on arrive à aller sur des territoires très sombres dans son métier sans forcément s’impliquer et ressentir à 100% ce que peuvent ressentir les personnages.

Dans mes romans, je passe mon temps à aller dans tout ce qu’il y a de négatif dans notre société (trafic d’organes, gens malveillants, dictatures, etc). Je le fais pour retransmettre cette vérité à des lecteurs. J’arrive à me détacher mais il m’arrive, ayant moi-même des enfants, de faire un transfert et d’être pris dans la pensée de mes personnages et de ressentir des émotions de père par rapport à un personnage que je fais disparaître dans mon livre, de me demander ce que je ressentirais si ça arrivait à mes propres enfants et d’angoisser un peu : ça m’arrive de temps en temps, c’est humain. Il arrive également aux médecins légistes de déléguer une autopsie si la personne à autopsier ressemble trop à quelqu’un qu’ils connaissent.

Il y a l’auteur et la personne resiorc suov ed que je suis dans la vraie vie : ces deux personnes sont un peu différentes avec, de temps en temps, des liens d’émotion qui se créent entre l’auteur et la personne. Il y a une forme de dissociation entre les deux même si, dans l’écriture, on met forcément de soi-même parce que l’écriture est une connexion entre le cerveau et la main qui va écrire, vous avez beau inventer la fiction la plus lointaine de vous possible, c’est votre cerveau qui la génère donc, par définition, on met de soi-même, ça vient du fond de vous. Il y a une dissociation qui est propre à beaucoup de romanciers, on est capable de passer d’un personnage à l’autre quasi instantanément.

Quand je me mets dans la peau d’un policier, d’une victime, d’un tueur, je ne suis pas ces personnes-là et pourtant je suis dans leur tête au moment où j’écris : il y a un aspect un peu schizophrénique, même si ce n’est pas tout à fait le terme. On dit que les romanciers sont toujours un peu schizophrènes parce qu’ils sont capables d’endosser différentes personnalités, de passer d’un personnage à un autre, puis de revenir, de zapper.

 

 

Sharko

 

Franck Sharko est le premier personnage que j’ai créé et vingt ans après il est toujours là.

Une fois sur deux, j’écris avec ce personnage et, oui, il me colle : quand j’écris avec ce personnage un roman, je passe 100% de mon temps d’écriture avec lui. Ensuite je retrouve ma vie de famille, à 17h, par exemple, mais le soir quand je me couche, au moment de l’endormissement, ce personnage ressurgit et je pense à ce que je vais écrire le lendemain.

Dans les phases d’endormissement, l’esprit se remet à gamberger, avec l’angoisse du romancier qui consiste à se dire : « Demain qu’est-ce que je vais écrire ? Comment vais-je commencer mon chapitre ? Qu’est-ce qui va se passer ? »

On peut avoir fini un chapitre sur un truc où on ne sait pas trop si l’on va réussir à se débrouiller et la nuit, tout ça travaille…

Le personnage de Sharko est là et il est présent aussi pendant l’écriture des livres dont il est absent. Une fois sur deux, pendant un an, j’écris un autre roman, sans ce personnage, justement par volonté de m’en détacher : j’ai besoin de m’en détacher pour être libre moi-même.

Il y a des romanciers qui risialp uA sont attachés à un personnage et ils en sont quasi prisonniers : par exemple, Patricia Cornwell a écrit trente ou quarante livres avec le même personnage de médecin légiste (NDLR : Kay Scarpetta) et les fois où elle a essayé d’écrire sans ce personnage, les livres n’ont pas marché. Elle était vraiment prisonnière du personnage.

J’ai cette soupape de sécurité en écrivant des romans sans ce personnage mais, en même temps, je sais qu’il est toujours là et, pendant que j’écris le roman sans lui, je sais que le suivant sera avec lui. Je pense qu’il y a une partie de mon cerveau, qui essaie, en arrière-plan, de se dire : peut-être que dans le prochain livre, il va se passer ça, ça et ça. C’est vraiment intéressant à vivre et de voir à quel point des personnages de papier peuvent prendre une place dans la vie de l’auteur mais aussi du lecteur. C’est impressionnant de voir combien des personnages de papier comptent dans la vie de certaines personnes. Je le vois avec mon personnage quand les gens viennent me soir dans des salons du livre et qu’ils me disent : « Surtout, laissez tranquille un peu Franck Sharko, on voudrait qu’il ait une vie heureuse ! »

Ils en parlent comme s’il existait… On l’a vu avec des exemples très célèbres comme Sherlock Holmes, d’Arthur Conan Doyle ; les gens continuent aujourd’hui, 100 ans après, à envoyer des lettres au 221B Baker Street : ça fait aussi partie de l’écriture et de la magie liée au livre.

 

 

Un dernier tour

 

Les frontières entre l’illusionniste et l’écrivain sont très floues, ce qui est un bon point pour le lecteur, qui, lorsqu’il lit, va en permanence se demander si ce qu’il lit est vrai ou si ce n’est pas vrai.

S’il y avait la certitude que tout est vrai dans le livre, il serait plus de l’ordre du documentaire ou du livre historique qui retranscrit des faits totalement avérés, qui se contente de dérouler des faits qui se sont passés, de manière très certaine et très stricte.

Et en même temps, on n’est pas complètement dans le 100% fiction parce que les situations qui sont décrites dans mes livres sont des situations que le lecteur a l’impression de vivre, de voir, qui sont ancrées dans notre monde d’aujourd’hui, ce qui est le propre du roman policier et donc, en permanence, le lecteur se demande : « Est-ce que ce qu’il me raconte est vrai ? Est-ce que ça existe ? »

C’est ça qui crée la magie justement. Dans mes romans, il y a beaucoup de vérités, je prends des faits qui existent dans notre monde et je dévoile des vérités, dans ce que j’appelle des ilots de vérité : créer la fiction va consister à créer des liens entre ces différents ilots pour constituer une histoire. Ces ilots n’ont rien à voir parfois ; par exemple, je fais des recherches sur la radioactivité d’un côté et les volcans de l’autre, je trouve les deux géniaux et j’ai envie de les mettre dans le livre mais ils n’ont rien à voir, il  faut relier ces deux ilots de vérité avec de la fiction, des personnages qui vivent des situations, qui progressent dans leur enquête et qui vont d’ilot de vérité à ilot de vérité.

C’est pour cela que, lorsque les gens font des recherches sur mes livres, ils se rendent compte que ça existe, parce qu’ils font des recherches sur la vérité mais sans savoir s’il y a un lien entre les volcans et la radioactivité. Et là, c’est de l’invention, je me permets de créer des choses qui n’existent pas forcément mais qui sont minimes, qui sont juste des mécanismes d’intrigue et qui me permettent de raconter mon histoire et de transmettre les messages que je veux faire passer.

Il y a un vrai parallèle avec l’illusion et la magie. Dans la magie, il y a un début, une fin avec la volonté de révéler quelque chose, comme dans un livre ; il y a une révélation mais tout ce qu’il y a entre deux est là pour raconter une histoire et perdre le lecteur, l’emmener .reup al à troppar dans des directions différentes. C’est cela la magie, agiter la main gauche et pendant ce temps-là, faire quelque chose avec la main droite pour réussir à faire passer ce que vous voulez faire passer. Il y a un aspect de manipulation du lecteur, d’illusion, de secret.

 

 

Il était deux fois

 

Dans mes tout premiers romans, j’avais tendance à tout décrire ; chaque situation, chaque événement était décrit et ça laissait très peu de place à l’imaginaire : les lecteurs ne faisaient qu’absorber ce que je décrivais, c’était tellement détaillé qu’il n’y avait pas d’évasion de l’esprit.

Je me suis rendu compte que c’était beaucoup mieux de suggérer que de décrire. C’est typiquement la scène à suspense où vous avez une porte face à vous, vous avez quelqu’un qui crie derrière et soit vous ouvrez, vous constatez la scène et vous la décrivez, soit vous laissez la porte fermée, vous continuez à entendre les cris et vous laissez le lecteur imaginer ce qu’il se passe derrière… Les deux ont le même effet mais la deuxième solution consistant à ne pas ouvrir cette porte est beaucoup plus forte. Le lecteur va imaginer la situation et créer son propre monde terrible, sans que l’auteur ait à décrire une scène horrible. Je le fais de plus en plus dans mes livres ce qui fait que le lecteur vit une expérience de lecture qui lui est propre. Chaque lecteur n’aura pas forcément la même interprétation, ne verra pas les mêmes objets… Ca fait également partie des mécanismes de la peur, du suspense : ce sont des romans qui font aussi appel aux sens, aux sensations. J’aime beaucoup ça. C’est moins littéraire mais plus sensuel.

On en revient aux contes pour enfants : quand on est petit, on aime nom te niavircé’d qu’on nous raconte des histoires et justement les contes sont reliés souvent à l’émotion de la peur : le petit Chaperon rouge, les trois petits Cochons, on sait qu’il y a un danger incroyable, ça nous apprend à nous confronter à la peur mais avec beaucoup d’imaginaire. On sait que le loup est là et on commence à le visualiser sans que l’on en parle, sans qu’on le décrive, sans qu’on le voie. C’est ce qui crée la force des contes. C’est cet aspect imaginaire très très fort qui va constituer 80% de ce qu’on nous raconte. Le conte fait dix pages, on a l’impression que « le petit Chaperon rouge », ça dure des heures alors que le conte en lui-même est tout petit. Ça prouve que c’est l’imaginaire qui a créé toute l’histoire qui nous appartient : mon petit chaperon rouge n’est sans doute pas le même que le vôtre, tout comme mon loup. Ça m’a laissé des souvenirs très très forts et finalement un thriller, c’est un peu comme un conte pour adultes où l’on offre aux adultes la possibilité de replonger dans leur âme d’enfant… avec leur vision adulte mais avec ce qui nous a plu lorsqu’on était enfant. Ça nous ramène à nos propres souvenirs, à qui on est vraiment.

 

 

Deuils de miel

 

« L’homme et la mort » d’Edgar Morin est l’une de mes dernières lectures. La mort fait peur mais on en parle peu et on essaye de l’évacuer rapidement. Dans les époques précédentes, elle faisait partie de la vie des gens, on gardait les morts plus longtemps, il n’y avait pas de répulsion ; aujourd’hui, ça nous fait très peur, les deuils sont très rapides, les gens retournent à leur fonction, il y a un blocage par rapport à ça.

Dans les polars et les thrillers, on confronte les lecteurs à la mort, elle est omniprésente. Je trouve intéressant de ramener srevinu nom les choses qui nous font peur et d’expliquer aux lecteurs que pour avoir moins peur de ces choses-là, il faut s’y confronter et y réfléchir, les accepter. Je suis comme tout le monde, ça peut me faire peur mais se confronter à ce sujet, essayer de le comprendre, permet de relativiser et de parvenir à l’accepter.

J’ai été obligé de faire ça parce que je suis entouré, en permanence, de la mort ; j’y pense en permanence, pas à titre personnel forcément, mais de fait si puisque je le fais pour mes livres, mais mes personnages enquêtent sur des morts, il y a des scènes de crime, mes policiers y sont confrontés en permanence et, même si les sujets de mes livres sont différents, la mort est tout le temps là.

Les romans sont un moyen de faire réfléchir les gens sur ce qu’est la mort : d’ailleurs mes policiers ont une réflexion sur la mort parce qu’ils me servent de voix pour retranscrire aux lecteurs la manière dont moi-même je perçois cette fatalité.

 

 

Mon vrai visage

 

Mes personnages sont très différents de moi parce que j’essaye de les inventer de toutes pièces ; mes personnages de flics, Sharko, les personnages féminins que je crée sont très différents de la personne que je suis mais en même temps, il y a des points communs entre mes différents livres et ça, ce sont mes lecteurs qui me le disent, ils découvrent des choses dans mes livres : « Le livre que vous avez écrit il y a cinq ans et celui que vous avez écrit cette année, il y a un truc qui revient ».

Par exemple, il y a un cygne noir qui revient régulièrement dans mes livres et moi, je ne l’avais pas vu, c’est ça qui est incroyable, ce sont les lecteurs qui détectent des choses dans mon écriture et me demandent pourquoi j’ai fait ça, pourquoi cette récurrence de tel thème. La dualité, par exemple, est très très présente dans tous mes livres :  je me rends compte qu’ils ont raison mais je ne m’en étais pas aperçu. Ça me permet de réfléchir et d’essayer de comprendre : le cygne noir, qui a un rapport avec la mort, je n’ai pas forcément toutes les explications. C’est intéressant, rirvuocéd à, elcitra ça fait partie de l’aspect psychanalytique du sujet : je n’ai pas forcément envie de creuser plus loin sur moi-même parce que peut-être que tout comprendre enlèverait une partie de ma créativité.

C’est intéressant de laisser des zones d’ombre et des coins inexplorés parce que c’est peut-être là que je vais chercher toute ma fiction et toutes mes histoires alors que si j’avais toutes les réponses à « Qui je suis ? » et « Pourquoi j’écris ces livres? », ça pourrait casser la magie de l’écriture.

 

 

Fractures

 

Les deux univers avec lesquels j’ai grandi : il y avait d’un côté, les études, les maths, la physique ; j’adorais ça, les problèmes de maths, les casse-têtes, j’étais abonné à des revues de jeux de stratégie… toute cette logique-là, très mathématique me fascinait et de l’autre côté, il y avait ces lectures, ces films d’horreur, ces films policier ou thrillers, qui étaient complètement déconnectés du reste et les deux me fascinaient.

C’est un peu la manière dont je construis mes histoires aujourd’hui : je retrouve l’aspect mathématique de l’ingénieur informatique dans la manière dont je construis mes livres, cette mécanique, cette horlogerie très précise qui fait que les livres fonctionnent. Il y a tous les éléments d’une montre suisse qui sont complètement désassemblés au début et à la fin, la montre donne l’heure à la seconde ; c’est ce qu’on essaye de faire quand on écrit des romans policiers : il faut qu’elle donne l’heure pour que le lecteur ait une satisfaction ; si elle ne donne pas l’heure, c’est que le livre est raté donc toute cette logique-là est vraiment nécessaire et puis il y a l’aspect plus onirique et plus fiction, c’est la deuxième face, la deuxième tec eril à risialp facette, cet univers d’amour du thriller, du polar, c’est ce qui permet de donner de la matière à cette structure qui en elle-même ne suffit pas.

En alliant les deux, ça donne vraiment ce qui caractérise mes romans dans l’univers du polar aujourd’hui, c’est-à-dire des romans très complexes, dans le sens où l’histoire est complexe, mais qui se lisent facilement. Ca fait partie aussi de la culture du polar que les lecteurs ne se perdent pas, avec une vraie complexité et avec une base de construction solide.

Dans la plupart de mes livres, on retrouve une base scientifique mais avec des sujets qui nous touchent, nous, qui ne sont pas déconnectés : le cerveau, la mémoire, l’ADN, les organes… tout ce qui est très intérieur me fascine, ça sert toujours de base à l’écriture de mes livres.

 

 

La croisée des chemins

 

Il faut que le sujet qui m’intéresse permette de basculer vers des frontières interdites parce que c’est ce qui va créer le polar, la matière noire du livre et la raison pour laquelle les lecteurs lisent ce genre de livres.

Quel que soit le sujet, il y a toujours des gens qui ont basculé et qui font que le sujet a dérivé vers des parties plus sombres de notre société. Aujourd’hui, quand je choisis un sujet, je sais que je vais trouver la matière ; après, il faut fouiller un peu, lire… et puis on peut, par exemple, se rendre compte que, dans les années 70, il s’est passé un truc, un scandale, un peu étouffé : c’est un peu le métier de romancier/journaliste. Il y a une part d’investigations pour trouver le côté sombre d’un sujet et à partir du moment où je le tiens, je vais creuser pour construire mon histoire. Le but de mon histoire, c’est de mener à cette part sombre, il faut construire tout ce qu’il y a en amont pour arriver là. C’est comme ça que je construis mes livres, c’est ce qui me donne l’idée du livre, cette part sombre qui doit être romanesque et puisse facilement être mise en mots, en images, en sensations et être intéressante : c’est ce que j’appelle l’idée du livre. Quand on a cette idée-là, on a juste le nœud initial… ensuite, il faut tout construire autour pour raconter ce qu’on a découvert.

Souvent mes recherches démarrent sur internet : il y a un petit truc qui clignote, parfois c’est une impasse et parfois ça ouvre vers d’autres voies. Quelquefois le sujet final n’est plus tellement le sujet initial parce qu’il y a eu beaucoup de dérives et de recherches entre deux mais c’est passionnant : vous commencez à faire des recherches sur les greffes de cœur et puis vous arrivez en 70 à une dictature en Argentine, par exemple, parce qu’à l’époque, on prélevait des cornées sur les condamnés à mort. Ça, c’est génial, vous partez d’aujourd’hui et vous arrivez en 70 sur un sujet qui est globalement le même : la greffe, le cœur, les vols de cornées.

On parlait tout à l’heure de fiction et de réalité, tout va consister à retracer ce trajet de recherches en une histoire et en général, ed puocuaeb c’est ce que j’essaye de faire. Plus il y a de recherches, plus je vais m’enfoncer dans différents embranchements et plus ce sera intéressant parce que ça, c’est mon histoire. Un sujet qui n’est pas bon, c’est un sujet où vous allez faire des recherches et que vous n’allez rien trouver : vous n’aurez rien d’intéressant à raconter.

 

 

Monster*

 

Ce qui intéresse le lecteur, c’est de découvrir à quoi ressemble notre monde et jusqu’où l’être humain est capable d’aller. Ce qui crée vraiment la fiction, c’est ce que l’on doit inventer autour.

Par exemple, vous êtes dans une enquête d’aujourd’hui très concrète : un policier arrive sur une scène de crime. Vous allez vous demander comment raconter quelque chose qui se passe en 70 en Argentine (NDLR : en le reliant à cette scène de crime). Peut-être que vous allez devoir inventer un grand méchant qui continue à prélever des cornées dans un coin d’Argentine… Vous créez de la pure fiction parce que le but est de révéler des éléments passés par le biais de personnages que vous allez créer.

C’est ça qui crée un peu l’impression de cerveau dérangé de l’auteur que je suis : il faut réussir à jongler entre fiction et réalité pour avoir à la fin un livre qui tienne la route et qui va retranscrire des faits réels grâce à l’imagination, avec des personnages dont on se demande s’ils peuvent exister tant ils font des choses incroyables… et on se rend compte que, oui, ils pourraient exister parce qu’il y a le même penchant, bien réel, dans notre société.

On le dit et on le voit tous les jours : la réalité dépasse sirp zerua la fiction. Moi, ça ne me rassure pas sur la nature humaine mais ça me rassure en tant que romancier ; j’ai une caution pour le grand méchant que je crée parce qu’il existe dans le vrai monde, l’être humain est capable d’aller aussi loin et de faire ça. Le lecteur se le dit aussi puisque, par comparaison, il arrive toujours à trouver des accroches dans la réalité : ce que raconte Franck Thilliez, il le voit tous les jours dans les faits divers.

J’ai de la sympathie pour mes méchants : vous créez des êtres abominables dans les livres, ce sont des représentations de vraies personnes dans le vrai monde, qui sont capables de faire ça, mais, quand on est romancier, il faut aimer autant ses personnages positifs que négatifs pour pouvoir bien les construire. Il faut aimer ses méchants et, pour réussir à les aimer, on essaie d’expliquer les raisons de leurs actes. On se dit que pour être dans le mal absolu, il doit y avoir une raison.

C’est une interrogation permanente, cette notion de mal, quand on est comme moi romancier et qu’on écrit depuis 15-20 ans. On se demande pourquoi le mal existe, pourquoi certaines personnes vont être plus mauvaises que d’autres, est-ce qu’il y a une part d’inné, est-ce qu’il y a une part d’acquis, est-ce que c’est la société qui rend les gens comme ça ? Le mal, la mort sont des sujets qui font partie de nous et écrire des romans peut m’aider à comprendre certaines situations réelles aujourd’hui.

Peut-on toujours trouver une explication à des comportements criminels extrêmes ? On dit souvent d’un criminel que cette personne est un monstre ; oui, c’est un monstre par ses actes mais est-ce que quelque part il n’y a pas une fêlure, quelque chose qui a créé le monstre ? Ces interrogations sur ces grands thèmes de société ou de l’humanité intéressent beaucoup les lecteurs.

 

 

Rêver

 

Lorsque j’étais enfant, je rêvais de devenir pilote mais pendant mon parcours scolaire, des gens sont venus présenter une école d’ingénieur. Je me suis dit que j’allais partir là-dedans parce que ça me plaisait et que je n’avais pas pris de dispositions pour devenir pilote : c’était un rêve d’enfant d’aller dans le ciel et de parcourir la planète.

C’est un projet génial de se lancer dans une aventure comme l’écriture avec toutes les inconnues qu’il y a derrière (est-ce que ça va fonctionner ou non ?). On a l’intime conviction que ça va fonctionner parce qu’on écrit, qu’on y croit, qu’on vit quelque chose de nouveau. Je sais que beaucoup de personnes veulent écrire et le conseil que je leur donne est toujours le suivant :

« Allez-y, essayez, mettez-vous devant un ordinateur et essayez. »

Ça libère plein d’émotion, plein de choses et si l’on parvient à aller au bout, c’est tant mieux, il y aura peut-être d’autres choses derrière mais, déjà, l’acte d’écrire est incroyable. Cet acte d’écrire a été l’élément le plus fort pour moi. Je suis allé au bout du premier, au bout de mon histoire : si l’on y arrive, c’est bien, ça veut dire que l’on sait raconter une histoire. Ensuite, est-ce qu’elle est bien ou pas, il faut des lecteurs pour juger mais d’aller au bout, ça donne envie d’aller encore plus loin : pourquoi est-ce qu’il n’y aurait pas un livre derrière ? On se prête à rêver et à se dire : pourquoi je ne serais pas comme tel auteur un jour dans une librairie à dédicacer mes livres ?

Je n’avais pas beaucoup d’argent lorsque j’ai commencé et il fallait imprimer, relier, envoyer par courrier mon manuscrit, ça coûtait un peu d’argent suov euq donc je faisais attention à qui je l’envoyais, je limitais un peu les envois mais c’est une aventure incroyable à vivre, avec l’attente derrière évidemment. C’est un suspense un peu moins rigolo d’attendre le retour de l’éditeur, qui est négatif, on renvoie, on recommence et puis un jour, il y a un éditeur qui vous dit que votre livre l’intéresse et là, c’est autre chose qui commence. Je dis aux gens d’essayer en leur disant qu’ils seront vite fixés.

L’acceptation du non est toujours compliquée la première fois, comme dans beaucoup de domaines. Le non est parfois assez brutal de la part des éditeurs. Vous vous attendez à ce qu’on vous explique pourquoi le livre est refusé alors que l’on vous dit juste qu’il est refusé ; c’est assez frustrant.

J’ai l’habitude de toujours partir de l’aspect défavorable en me disant que ça ne pourra qu’aller mieux plutôt que de partir tout en haut et d’avoir des désillusions. J’ai plutôt cette philosophie donc au fur et à mesure des envois et des refus, je voyais toujours un petit signe positif. Dans les ventes de mes livres, dans l’évolution de ma carrière, ça a été comme ça : au début, je vendais très peu de livres, l’année d’après, je vendais un petit peu plus, etc. Je préfère avoir une carrière construite sur du long terme que de faire un best-seller dès le premier livre, comme certains de mes collègues, et qu’ensuite les livres ne marchent plus. Il est plus serein d’avoir une construction montante, il y a toujours l’espoir de faire mieux encore et de pouvoir progresser, c’est vraiment agréable à vivre dans ce sens-là.

Ma priorité dans l’écriture (et ma plus grande peur), c’est d’écrire un livre qui plaise aux lecteurs. J’écris pour eux mais ça devient de moins en moins évident après vingt livres de continuer à plaire, de me renouveler. J’ai toujours trouvé que les carrières sur le long terme étaient beaucoup plus complexes que celles qui sont juste des coups d’éclat. On se rend compte qu’il y a beaucoup de travail à fournir pour être d’un niveau égal et que finalement, on ne peut pas toujours monter donc qu’il y aura forcément un coup plus bas. On ne peut pas en permanence être à 100% mais après ça repart derrière, ce qui compte c’est la régularité. Même aujourd’hui, après vingt romans, il y a toujours cette angoisse : est-ce que le roman va plaire autant que les autres ?

 

 

Le manuscrit inachevé

 

Ma routine ? Je pratique une activité sportive le soir, parce que j’ai beaucoup plus d’énergie dans l’écriture le matin ; c’est vraiment le moment où, pour moi, l’esprit donne le meilleur de lui-même et où ma créativité est au maximum. J’aime bien courir le soir pour évacuer l’écriture et tout ce que j’ai pu imaginer dans la journée. Quand je cours, ça me vide l’esprit. Cet ordre-là me fait du bien.

Je travaille à partir de 8h jusque 17h environ : les phases de recherche et d’écriture se font face à l’ordinateur mais il y a aussi la rencontre avec des gens, les entretiens avec des spécialistes, ça compte dans le travail global de l’écriture, ça fait partie de mes journées. Être face à un écran, c’est les trois quarts du temps mais il reste un quart du temps, à l’extérieur, en rencontres, etc, toujours dans le cadre de l’écriture.

Le fait d’écrire est quelque chose qui me prend beaucoup d’énergie, qui est très cérébral et c’est vrai que parfois, en fin de journée, j’ai l’esprit un peu fatigué, lire redemande un effort intellectuel. Quand je suis dans les phases d’écriture, je ne le fais pas, je le fais quand je suis en dehors, pendant les phases de recherche, quand je n’écris pas, c’est là que je vais lire le plus. Dans les phases d’écriture, je vais plutôt regarder une série, quelque chose qui continue à stimuler l’imagination mais qui est plus passif. Il y a cet effort intellectuel de lecture qui est un peu trop intense si j’ai déjà passé ma journée à écrire.

Je crois beaucoup en la routine. Le travail d’auteur est très routinier et c’est la routine qui fait la qualité des livres.

Certains romanciers vont écrire trois mois dans l’année et ne vont faire que ça jusque deux heures du matin, se lever à 6h et écrire tout le temps. Moi, c’est vraiment lissé sur l’année, c’est-à-dire que c’est tout le temps et un peu chaque jour. Si un jour je ne peux pas écrire, ça ne va rien changer parce que je sais que, le lendemain, je continue mon truc. C’est tellement lissé que je peux même passer à d’autres choses entre deux. J’ai besoin de cet aspect routinier sinon j’ai l’impression de ne pas être en phase avec moi-même, d’être en retard. Même par rapport au roman de l’année précédente, il faut toujours que j’en sois au même point : il y a la routine journalière et il y a cette routine par rapport aux années d’avant, je me dis que tel mois, normalement je suis à tel moment de mon roman. Si je suis en avance ou en retard, je fais des réglages. Il y a une routine propre à chacun. Stephen King peut écrire un livre en deux mois, il peut même écrire dans l’avion et ensuite il fait autre chose, Simenon écrivait trois livres par an parce qu’il écrivait très vite, en quinze jours, et après il faisait autre chose. C’est une routine propre à chacun, il n’y a pas de règles.

Ma routine a été une continuité du milieu de l’entreprise : je suis resté sur ce rythme-là parce qu’il marchait très bien. Quand j’étais en entreprise, j’avais commencé à écrire des livres mais c’était très chaotique parce que j’avais mon métier d’ingénieur et j’écrivais erèpse’J quand j’avais du temps, le midi, pendant les congés, le week-end, ça devenait horrible parce que ça monopolisait tout mon temps, c’était très fatigant. Le jour où j’ai quitté le monde de l’entreprise pour ne faire qu’écrire, je me suis tout de suite calqué sur le même rythme et ça a été génial d’avoir tout ce temps pour écrire, être dans le rythme de l’entreprise mais en écrivant. Je suis très heureux encore aujourd’hui de garder cette routine qui est parfaite pour moi.

 

 

 

Vous avez terminé votre lecture de notre article ? Avez-vous repéré les clins d’œil dans les titres des paragraphes ? Il s’agissait bien sûr des titres de certains des romans et des nouvelles de Franck Thilliez, dont nous vous conseillons la lecture et que vous pouvez retrouver ci-dessous.

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* « Monster » est la traduction allemande du titre français « Gataca »

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