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Parlons dépendance affective… avec Virginie Megglé

Écrit par Rédaction

Virginie Megglé est psychanalyste et écrivain. Elle est l’auteur de nombreux livres sur le thème de la dépendance affective, des liens familiaux et du couple, parmi lesquels on peut citer « Les séparations douloureuses », « Le harcèlement émotionnel », « Frères, sœurs, guérir de ses blessures d’enfance » ou encore  « Hyperémotifs, survivre à la tempête intérieure. ».

Son domaine de compétences s’étend aux constellations familiales, à la psychanalyse transgénérationnelle et à la psychosomatique. Elle est également la fondatrice de l’association et du site « Psychanalyse en mouvement ».

Fanny Huleux l’a interrogée sur la dépendance affective et sur l’origine de cette dépendance, souvent liée à l’enfance.

Nous sommes heureux de vous présenter cette interview pleine d’humanité et d’enseignements, qui ne reflète pas l’échange filmé dans son intégralité. Nous vous conseillons donc de le visionner en cliquant sur la bannière.

 

 

Quelle est la différence entre psychanalyste et psychologue ?

Il y a une différence d’approche et de formation. L’université forme des psychologues cliniciens, qui peuvent faire une formation supplémentaire pour devenir psychanalystes.

Le psychanalyste a suivi une formation poussée au cours de laquelle il a lui-même suivi une psychanalyse, c’est-à-dire une analyse prenant en compte les motivations inconscientes de nos conduites. Il est reconnu par ses pairs, après avoir suivi un cursus de formation qui ne passe pas par l’Université mais par des associations.

C’est Freud qui a fondé la psychanalyse « orthodoxe », c’est-à-dire une approche de la psyché reposant sur des critères précis dont le transfert et les productions de l’inconscient : rêves, lapsus, actes manqués, mots d’esprit, etc…  Virginie Megglé s’en est démarquée en soulignant le rôle prépondérant de l’affectif : après un parcours de psychanalyse passionnant et salvateur, il restait une blessure en elle, il y avait une part qui était incomprise, qui n’existait pas aux yeux de la psychanalyse freudienne.

Winnicott, médecin et pédiatre anglais, et Alfred Adler ont abordé le développement des liens affectifs de l’enfant dans sa famille et c’est sur ce point que Virginie Megglé les rejoint.

 

La dépendance affective

La dépendance affective n’est pas pathologique, nous sommes des êtres de besoin affectif, on parle de dépendance affective uniquement quand ce besoin fait souffrir. Elle est présente quand la vie d’une personne dépend entièrement d’une autre, quand son bonheur en dépend entièrement, ce qui implique des jeux de dominance.

La personne en face va jouer de cette dépendance dans un rapport de domination mais va en souffrir également : le fait de dominer va lui permettre de juguler sa propre souffrance et de la vivre par procuration en faisant souffrir l’autre. Il se rejoue des situations vécues pendant l’enfance.

Un enfant qui a vécu dans un environnement bienveillant aura une dépendance douce puisqu’il aura besoin d’être aimé mais qu’il ne se sentira pas perdu dès qu’il y a un signe de non-amour. Un enfant qui n’aura pas reçu assez d’amour sera affamé d’un point de vue affectif.

 

Comment sortir de cette dépendance ?

Le premier point est de reconnaître cette souffrance (sans juger les parents) et de reconnaître le manque.

Virginie Megglé s’est ici aussi démarquée de la théorie psychanalytique orthodoxe, cette fois inspirée de Lacan, selon laquelle le désir s’appuie sur un manque.
Pour elle, la question du manque reste centrale : mais, lorsque c’est au nom de l’amour que l’on entretient le manque (affectif), au prétexte d’attiser le désir, on entretient de fait la blessure affective première ; ce qui pervertit l’amour sans alimenter pour autant le désir en ce qu’il a revitalisant.

Souvent les deux personnes en présence auront connu le manque et il va se jouer une relation dominant/dominé. Pour réparer ce manque, la relation thérapeutique est précieuse.

Quand on a souffert, on a envie d’être fort et la tentation est grande d’afficher une force que l’on n’a pas nécessairement, le vide est alors toujours présent : en étant trop dur avec soi-même pour surcompenser, on entretient ce manque et cette relation de dureté avec soi-même.

La bienveillance avec soi-même est essentielle. S’apporter des satisfactions permet de reconfigurer sa mémoire affective alors que le manque bloque la croissance affective.

 

Quand il y a eu négligence affective, ne pas chercher le fautif mais apporter de l’attention va servir de pansement (on peut rapprocher les termes « panser » et « penser »), ce qui sera réparateur et nourrissant.

Ce travail de réparation va venir compenser le manque, tout comme la fierté d’avoir fait ce chemin, ce qui permet d’être moins dans la dépendance puisqu’il y a moins de manque. Il faut donc reconnaître la négligence affective.

Les enfants réactivent la propre sensibilité de la mère (ou du père) et le manque d’amour qu’elle a subi dans un effet miroir. On interdit alors les émotions à l’enfant car on ne supporte pas qu’il ravive ce manque, resté tapi au fond de soi comme une blessure toujours douloureuse.

Il n’y a pas forcément besoin de mots, cela peut être une question de ressentis et d’inconscient.

Il faut se servir du langage pour reconnaître la souffrance : mettre des mots sur les maux ne suffit pas.

Le milieu thérapeutique est, évidemment, propice à ce travail de reconnaissance.

 

 

La part de transgénérationnel

L’invisible se transmet aussi dans les familles : c’est un héritage inconscient.

La psycho généalogie est venue apporter des explications et des informations sur l’héritage dans les lignées familiales. Il faut accepter le fait que, dès le moment où l’on est traumatisé, et si on ne le soigne pas, on transmet ce traumatisme.

De la même façon que l’on peut transmettre des particularités positives, on va transmettre également les souffrances, qu’elles soient collectives, comme les guerres, ou individuelles. Le traumatisme psychique lié à la situation sanitaire de ces dernières années notamment est bien réel.

Ce sont les mêmes traumatismes qui reviennent de génération en génération. Il y a un déni qui est inscrit dans nos sociétés : on nie la souffrance, à la fois la sienne et celle des autres. On ne lui laisse pas l’espace de s’exprimer ; tout nous incite à la réprimer. Malheureusement, c’est de cette façon que l’on entretient la souffrance de l’humanité. Il faut commencer par s’occuper de soi-même de façon à bien s’occuper des autres.

Prendre soin de l’humanité en soi, c’est prendre soin de l’humanité en dehors de soi.

 

Prendre soin de soi

Il est nécessaire de prendre soin de soi dans différents contextes : personnel, familial, familial élargi, social, historique, transgénérationnel.

Prendre soin de soi, c’est se poser des questions (qu’est-ce que j’ai vécu, qui je suis, de quoi j’ai hérité ?) et reconnaître les faits sans les juger. En prenant soin de soi, on reconnaît le réel tel qu’il est. Il cesse de nous heurter, se fait moins blessant.

Prendre soin de soi, c’est également se donner le droit de grandir quand les parents n’ont pas grandi, ce qui est difficile à cause du lien de loyauté. Ce n’est pas trahir ses parents que de prendre soin de soi.

Il faut cesser de donner aux autres le pouvoir de nous faire du mal : c’est le mieux que l’on puisse faire, y compris pour eux.

Lorsque l’on n’a pas appris à s’occuper de soi, c’est un langage que l’on ne possède pas mais la patience peut nous l’enseigner.

Nous vivons dans un monde qui souffre, qui, au nom de la raison, déraisonne. Il ne s’agit pas de rationnaliser. Souvent la raison est là pour faire taire le doute. Penser le contexte est intéressant en termes de compréhension de la souffrance vers sa résolution.

Il y a un apprentissage qui nous pousse à mettre les choses dans des cases. Au nom de la réussite, par exemple, on se maltraite parfois. Il y a un formatage qui commence très jeune et qui est tourné vers la réussite mais qui ne tient pas du tout compte de la sensibilité, de l’affect ni de la fragilité.

Il y a une espèce de sacrifice de l’enfant pour la réussite, quand les parents demandent à l’enfant de réussir là où ils n’ont pas réussi notamment.

 

Atteindre un idéal

Nous sommes tous portés par un idéal mais une certaine forme d’idéal, formaté, est destructeur. Nous avons une « graine » en nous que nous devrions faire pousser.

Il y a une banalisation de la violence (liée aux guerres, aux informations, etc), qui est compensée par un idéal trop intransigeant, qui ne tient pas du tout compte de la fragilité.

Les parents font, certes, peser un idéal sur leurs enfants mais, dans les relations, il y a aussi l’idéal que nous nous imposons : cet idéal sera d’autant plus fort que nous avons eu un manque affectif. Dans le couple, on peut être trop exigeant avec soi-même.

Quand on a pris l’habitude de se faire mal, c’est très difficile d’apprendre à se faire du bien. On va donc se placer dans des situations qui vont entretenir ce manque, par loyauté envers ses parents, qu’on a peur de trahir si l’on se fait du bien. L’anorexie et la boulimie en sont un exemple.

 

Sans perdre de vue un idéal inconscient qui a besoin de nous guider, un idéal de beauté, une aspiration qui est en nous ici et maintenant, l’idée serait de ne pas correspondre à un idéal qui nous serait extérieur.

La mission de toute vie, c’est d’apprendre à se faire du bien, en revenant vers l’intérieur et à son propre idéal pour s’ouvrir ensuite sur l’extérieur.

 

 

Poser des limites

Il faut avoir confiance dans son instinct et ne pas se soumettre à des procédés pervers comme peut l’être cette phrase souvent entendue « C’est pour ton bien ».

Il faut cesser de se laisser atteindre par les autres, poser ses limites.

Se donner les moyens d’être dans le présent et se donner le temps de trouver la personne avec qui on peut faire un chemin qui soit bon pour soi est un aspect essentiel des relations amoureuses.

Il faut sentir les choses et refuser de laisser entrer les personnes qui seront nocives pour nous.

S’autoriser, dans une société formatée, à être soi, à inventer son style et à vivre sa singularité : voilà le chemin.

 

             

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