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Réconcilier le féminin et le masculin. Interview de Valérie Colin-Simard

Écrit par Rédaction

Autrefois journaliste à la télévision – elle a notamment participé aux débuts de Canal+ – puis pour « Elle » et « Psychologies Magazine », Valérie Colin-Simard est psychothérapeute, coach et écrivain. Nous lui avons donné la parole dans cette interview et nous vous proposons de découvrir son parcours, sa conception du féminin et du masculin, de la place accordée aux valeurs féminines dans notre société, du féminisme et de la question du genre. Son regard, affranchi du « politiquement correct », questionne et pousse au positionnement ; loin de la tendance actuelle consistant à édulcorer nos propos, Valérie Colin-Simard énonce clairement ses positions, issues d’une longue réflexion sur elle-même et sur la société.

Pour voir ou revoir l’interview filmée, cliquez sur la bannière !

 

Un parcours atypique

Née au début des années 60 dans une famille d’intellectuels, Valérie Colin-Simard grandit auprès d’une mère féministe, engagée, et d’un père célèbre pour ses émissions de radio mais diminué par une attaque cérébrale. Le passé familial – la famille a été décimée dans les camps de concentration – porte encore les marques de la terreur et du ressentiment lié au suicide d’une grand-mère, alors en analyse avec Lacan, un sujet tabou.

À 16 ans, Valérie Colin-Simard veut être médecin du cerveau ; elle prendra conscience plus tard qu’elle aspirait à devenir médecin de l’âme. Après des études brillantes, elle présente la revue de presse chaque matin avec Michel Denisot sur Canal + et aiguise un regard déjà irrespectueux des normes établies.

À 26 ans, dépressive, elle entame une psychanalyse et une quête de sens et de vérité, qu’elle poursuit aujourd’hui encore. Lorsqu’elle se marie et devient mère, elle décide d’arrêter de travailler et vit une expérience spirituelle. La Foi fera désormais partie d’elle-même.

Un premier livre et un divorce plus tard, elle devient journaliste pour la presse écrite puis renoue avec son désir profond d’aider les autres et se tourne vers la psychothérapie humaniste, non plus comme patiente mais comme future praticienne. Elle continue à écrire et publie quatre livres en quatre ans, livres qui initient un dialogue avec le lecteur et questionnent, provoquent des prises de conscience.

Aujourd’hui coach, psychothérapeute et auteur, Valérie Colin-Simard nous parle d’un de ses sujets de prédilection, le féminin et le masculin.

 

L’apprentissage de la lenteur

La lenteur est une valeur du féminin qui est peu honorée aujourd’hui : lorsque Valérie Colin-Simard est passée de journaliste à psychothérapeute, c’est pourtant cette valeur qui lui a permis de le faire, en douceur.

Le sujet de fond est celui de nos représentations du monde. Nous sommes conditionnés aujourd’hui à ne voir le monde qu’au travers un prisme uniquement masculin, le prisme de l’efficacité, de la rentabilité… ce qui consiste à ne regarder le monde qu’avec un seul regard, exactement comme si nous n’avions qu’un seul œil ou que nous ne marchions que sur une seule jambe.

Il est nécessaire de faire un travail qui consiste à redonner sa valeur à la lenteur : pour cela, nous devons déconstruire ce que l’on nous a appris et comprendre à quel point cela nous met en déséquilibre.

Le but est l’équilibre entre valeurs du féminin et valeurs du masculin, par exemple, entre intérieur et extérieur : aujourd’hui, nous accordons beaucoup trop d’importance à l’extérieur au détriment de l’intérieur, trop d’importance à la vitesse, pas assez à la lenteur… Il ne s’agit pas de passer d’un extrême à l’autre mais de trouver un équilibre et c’est ce qui nous permet de déployer notre puissance, de réussir et de donner, justement, un résultat.

Valérie Colin-Simard a eu l’occasion de travailler, pendant six ans, avec des dirigeants du CAC 40 et de leur faire expérimenter la puissance et l’intérêt de ces valeurs si décriées.

 

La polarité « avoir » et « être »

Cette polarité masculin/féminin concerne autant les hommes que les femmes, ce sont des valeurs et des principes universels.

Si l’on attend d’être « bien » à l’intérieur de soi, surtout à l’heure actuelle, nous sommes freinés dans notre évolution. Ce qui compte, c’est d’accueillir, de pouvoir nommer ce qui ne va pas bien à l’intérieur de nous, de l’accepter : la première étape est d’accueillir ses émotions, avant même de les exprimer, ce qui nécessite un langage que nous n’avons pas appris. À l’école, on apprend à penser mais pas à ressentir, on nous apprend, au contraire, à réprimer nos émotions. Il y a un langage à apprendre pour les exprimer, pour être en accord avec nos malaises, nos mal-être, nos tristesses, nos colères… et pour les accepter, sans donner toute l’importance à l’intellect.

Il est nécessaire de comprendre la puissance de notre vulnérabilité : exprimer un malaise, même si la cause n’est pas clairement identifiée, peut être positif et constructif. Il ne s’agit pas d’exprimer ses émotions constamment mais d’avoir une prise de conscience du rejet des valeurs du féminin.

La deuxième étape consiste à comprendre à quel point ces valeurs sont, en réalité, puissantes et la troisième à accepter ses émotions et à les exprimer.

 

Il a fallu à Valérie Colin-Simard des années pour comprendre cette notion : elle a été éduquée par une mère féministe de la première heure et le mot d’ordre était « Sois un homme, ma fille ! ». Elle devait réussir professionnellement, être indépendante, autonome. Extérieurement, elle affichait une belle réussite, était journaliste, passait à la télévision… Mais intérieurement, elle était complètement dévastée, était en dépression permanente et fonctionnait grâce aux antidépresseurs, ce qui est le cas de beaucoup de personnes, qui mettent, par là-même, sous le tapis, les racines profondes de leur mal-être – que certains fuient d’ailleurs avec des addictions diverses.

Au départ, les valeurs du féminin lui inspiraient à elle aussi une forme de dégoût. C’est le cas, aujourd’hui, de nombreuses femmes.

Il y a un travail de prise de conscience à opérer : nous rejetons complètement les valeurs du féminin et nous avons adopté les valeurs du masculin comme unique prisme de réussite.

Ce qu’elle propose est un vrai travail qui passe dans un premier temps par une compréhension intellectuelle du conditionnement que nous avons reçu, par l’observation de comment cela s’incarne dans sa vie et ensuite par l’apprentissage de l’expression des émotions. En Europe, nous avons besoin d’intellectualiser d’abord, de comprendre.

 

Comment procéder ?

Apprendre à mettre des mots sur ses ressentis passe souvent par un accompagnement. Il faut descendre de la tête dans le cœur et ensuite du cœur dans le corps.

Valérie Colin-Simard demande à ses coachés d’entrer dans la douleur ou dans la sensation qu’ils ne comprennent pas (alors que la tentation serait de fuir ces ressentis) et de l’accueillir.

C’est comme si le petit enfant en nous, correspondant à notre part de féminin, s’exprimait à travers ces sensations. Nos émotions, nos sensations ont besoin d’être reconnues, elles sont un peu comme des lettres qui auraient besoin d’être lues. Les ignorer les renforce et elles ressurgissent à un moment ou à un autre. Il est important de mettre un mot sur la sensation ressentie (pression, tension, etc).

  1. Mettre un mot sur la sensation
  2. Entrer en connexion
  3. Lui donner toute la place dont elle a besoin pour s’exprimer.

La sensation concerne le corps (on sent quelque chose), l’émotion concerne l’âme (on ressent quelque chose). Nous sommes corps, âme et esprit.

 

Valérie Colin-Simard propose un exercice, facile à appliquer dans votre quotidien : remplacer tous les « il faut » (énergie masculine, devoir, on force les choses) par « j’ai envie de » (on se laisse porter par ses envies et par le courant de la vie).

On peut, grâce à la grille de lecture ci-dessous, que vous retrouverez dans le livre « Masculin/Féminin, la grande réconciliation », se poser les questions suivantes « Suis-je trop dans le faire ? Suis-je trop dans l’émotion ? » et constater à quel endroit se trouve un déséquilibre.

Beaucoup de femmes retiennent leurs émotions puis explosent d’un seul coup… Prendre conscience que l’on a laissé s’accumuler trop d’émotions, sans les exprimer et sans les accueillir, est un premier pas. Lorsque l’on explose, on ne comprend pas pourquoi et cela renforce l’idée que les émotions sont négatives et qu’elles doivent être réprimées. On entre alors dans un cercle vicieux.

 

 

L’équilibre

Les valeurs du féminin sont dévalorisées et complètement négligées. Lorsqu’on est uniquement dans l’efficacité, on néglige le lien. Créer du lien demande du temps, ce qui, dans un premier temps, donne l’impression d’un manque d’efficacité alors qu’elle sera, en fait, supérieure si l’on prend ce temps-là : les choses seront plus harmonieuses et plus fluides.

Si l’on n’adopte que des valeurs féminines, nous serons, bien évidemment, dans l’excès, tout comme nous serons dans l’excès si nous n’adoptons que des valeurs masculines.

La réconciliation passe par l’équilibre émotion/intellect. Être conscient de sa vulnérabilité est une grande force.

 

Le féminisme et le genre

Pour Valérie Colin-Simard, le féminisme a complètement méprisé le féminin : au lieu de réhabiliter les valeurs du féminin (vulnérabilité, etc), le féminisme a précipité les femmes vers les valeurs du masculin en les faisant abandonner leurs valeurs profondes, nécessaires à leur équilibre.

Apprendre les valeurs du masculin est l’une des bonnes choses qui ressortent du féminisme… Le problème vient de l’excès : les femmes les ont complètement adoptées comme seules valables.

Aujourd’hui, sous couvert d’égalité, on aimerait nous faire croire que les hommes et les femmes sont identiques et gommer nos différences. Les hommes et les femmes sont égaux en droits, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont identiques. On a tellement méprisé les valeurs du féminin que ce côté est maintenant quasi inexistant.

Valérie Colin-Simard pense que la dérive qui consiste à trouver des termes qui n’appartiennent ni au féminin ni au masculin revient à glisser dans le chaos initial et qu’il s’agit d’une importante régression… L’indifférenciation est synonyme de confusion, qui est le contraire de la conscience : ce qui est en train de se passer est donc très grave. Cela empêche les enfants de réfléchir : les laisser penser que l’on peut changer de sexe, qu’il s’agit d’un droit, est une conception de la liberté qui lui semble complètement folle, car elle s’émancipe de la réalité biologique. S’émanciper de la nature revient à s’émanciper à nouveau d’une valeur féminine qui est justement le respect de la nature.

 

L’égalité, une valeur féminine

La valeur essentielle du féminin, c’est l’égalité. La valeur essentielle pour les hommes, c’est la hiérarchie. Ici encore, il est question d’équilibre entre ces deux valeurs. Les hommes et les femmes ont beaucoup à apprendre les uns des autres.

Le problème est, qu’aujourd’hui, beaucoup de femmes sont trop dans le masculin et beaucoup d’hommes trop dans le féminin. C’est le désordre mais il est un processus d’évolution positif, car l’évolution passe par le désordre également.

Dans le couple, les polarités s’équilibrent : un homme avec une polarité masculine haute rencontrera souvent une femme avec une polarité féminine haute et inversement.

Tout le travail est à faire avec nous-mêmes : la vie est un miroir, on va retrouver à l’extérieur ce que nous avons à l’intérieur.

C’est la conscience qui nous fait grandir.

 

Être une femme dirigeante

Valérie Colin-Simard conseille à une femme qui crée son entreprise ou veut réussir professionnellement, de ne pas oublier ses valeurs féminines telles que la vulnérabilité  et de chercher du soutien autour de soi. Deuxième conseil : avant de se lancer, prendre le temps de la maturation, de la gestation, de prendre le temps de mûrir le projet avant de passer à l’action (la précipitation ne fonctionne pas). Troisième conseil : distinguer autorité et autoritarisme. Le lien naturel entre femmes est l’égalité et il est important d’en tenir compte lorsque l’on donne un ordre, ce qui ne remet pas pour autant en question la hiérarchie.

Le management est généralement basé sur des valeurs très masculines car nous avons été conditionnés sur le modèle masculin.

 

Redonner aux valeurs féminines leur véritable place est l’enjeu de la femme d’aujourd’hui, pour sortir du seul modèle masculin et s’accepter comme une femme à part entière.

 

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